Bien qu’il soit naturel de vouloir être reconnu, nous devons apprendre à nous valoriser, à nous aimer et à nous récompenser nous-mêmes. Sinon, nous tombons rapidement dans les filets de la dépendance à l’égard d’autrui. Le désir de reconnaissance est sain tant qu’il contribue à notre motivation. Par exemple, lorsque nous travaillons dur à l’école pour rendre nos parents fiers de nous, c’est très honorable. Ce qu’il faut éviter, c’est de se regarder à travers le regard des autres. En d’autres termes, croire que les autres ont le droit et la légitimité de nous dire de quoi nous sommes capables. Le besoin de reconnaissance excessive est une véritable maladie psychologique qu’il faut surmonter.

Qu’est-ce que le désir de reconnaissance ?

La pyramide de Maslow donne un bon aperçu du désir de reconnaissance. Parmi les cinq groupes de besoins fondamentaux, le désir de reconnaissance se trouve dans le quatrième groupe, qui représente le besoin d’estime.

Le désir de reconnaissance est le besoin naturel d’exister aux yeux des autres. C’est le besoin d’exister non seulement en tant que conscience humaine, mais aussi pour ses réalisations, ses talents, ses aspirations et ses valeurs.

C’est en effet un besoin naturel avec lequel nous grandissons et qui prend de plus en plus de place dans nos vies. Il est vital pour l’estime de soi. Dès le plus jeune âge, le besoin de reconnaissance se manifeste dans les caprices des enfants. Nous cherchons à capter l’attention de nos proches. Lorsque nous y parvenons, nous sommes rassurés de savoir que c’est ce qu’il faut faire pour se sentir vivant. En vieillissant, nous devenons moins capricieux, mais nous utilisons d’autres moyens pour attirer l’attention. Par exemple, nous essayons de nous distinguer à l’école ou, pour ceux qui ont de la chance, nous utilisons notre charme naturel et notre beauté pour attirer l’attention.

Le désir de reconnaissance est à l’estime de soi ce que l’enfant est à son père. En effet, il existe un lien de causalité fort et incontournable entre les deux. Par exemple, si l’on est reconnu comme talentueux, beau, intelligent, etc., on gagne inévitablement en estime de soi. Il est donc naturel et sain de vouloir être reconnu. De plus, le désir de reconnaissance n’est parfois que le besoin que les autres reconnaissent notre existence. Par exemple, si l’on vous coupe la parole à chaque fois que vous vous exprimez, vous pouvez penser que les autres se moquent de votre opinion et qu’ils nient votre existence.

Pourquoi avons-nous besoin de reconnaissance ?

Les besoins de reconnaissance sont avant tout des besoins naturels. Tout comme nous avons besoin d’être aimés et respectés, nous avons besoin d’être reconnus. Selon Hegel, la conséquence logique de notre existence est de donner vie à une extension de nous-mêmes dans le monde qui nous entoure. Et pour que cette extension se réalise pleinement, elle doit être reconnue dans son existence et ses actions.

Certes, nous avons tendance à dire que nous n’avons pas besoin des autres pour être heureux, ce qui ne me semble pas tout à fait vrai. Mais ce qui nous fait nous sentir bien, c’est le contact entre nos forces intérieures et extérieures, et donc le monde et les autres. Nous avons autant besoin les uns des autres comme dans une fourmilière.

Besoin de reconnaissance : le désir d’exister aux yeux des autres

Nous avons besoin que les autres sentent notre présence. Besoin qu’ils réalisent que nous existons et que nous sommes des êtres à part. En d’autres termes, que notre conscience de soi soit reconnue.

Hegel définit ce désir de reconnaissance comme le besoin de reconnaître notre autodétermination. C’est notre capacité à penser par nous-mêmes, à décider par nous-mêmes et à faire reconnaître nos points de vue. Par exemple, vous aimeriez que vos propos soient pris au sérieux dans une discussion de groupe, plutôt que d’être tournés en dérision.

Besoin de reconnaissance : la validation

Vous aimeriez être accepté comme quelqu’un qui peut participer à des échanges constructifs. Être validé en tant que professionnel. Ou être reconnu plus souvent pour vos réalisations.

C’est un besoin légitime pour renforcer l’estime de soi. Mais il devient dangereux lorsqu’il devient l’unique source de motivation, ou qu’il prend trop d’importance. Dans ce cas, il faut apprendre à adapter des systèmes de valorisation plus sains. Comme, par exemple, faire des choses uniquement pour soi et non pour les autres.

Être respecté

Le besoin de reconnaissance découle également du besoin d’être respecté. Nous aspirons tous à être respectés, que ce soit pour nos actions, pour ce que nous sommes ou pour les valeurs que nous défendons. C’est d’ailleurs pour se faire respecter que l’on recherche la richesse, les promotions et la poursuite d’études longues.

Ainsi, lorsqu’on est reconnu pour quelque chose, on peut gagner le respect. Ce qui compte, c’est d’avoir un public, une audience, qui vous aime. Ceux qui respectent la brute de l’école sont ses camarades qui veulent lui ressembler.

Qu’il soit bon ou mauvais, le besoin de reconnaissance reste la principale source de motivation. C’est une raison suffisante pour exceller dans nos domaines d’activité, car elle suscite le respect, la considération et l’admiration, et peut contribuer à renforcer l’estime de soi.

Le besoin de reconnaissance est-il mauvais ?

Comme toujours, c’est l’excès qui fait le mal. Le désir de reconnaissance est un besoin naturel et il est presque impossible de l’éviter. Quoi que nous essayions de nous convaincre, tout ce que nous faisons vise à la reconnaissance. Qu’il s’agisse d’étudier pour réussir, d’être un citoyen respectueux des lois ou une personne qui fait bien son travail, le besoin d’être reconnu fait toujours partie de notre moteur intérieur.

Certaines personnes vous diront qu’elles font les choses pour elles-mêmes et non pour plaire aux autres. C’est vrai, mais il n’est pas exclu de le faire à la fois pour soi et pour être reconnu.

En réalité, rien n’échappe à la reconnaissance extérieure. Le besoin de reconnaissance n’est pas mauvais en soi, tant qu’il nous pousse à entreprendre, à être le meilleur de nous-mêmes. De plus, désirer la reconnaissance ne signifie pas nécessairement vouloir être célèbre, acclamé ou vénal. C’est une façon pour nous, êtres humains, d’exister pour nous-mêmes et pour que notre conscience de soi soit reconnue par les autres. C’est ce qu’on appelle le droit à l’autodétermination.

Se définir par le regard des autres

Vouloir être reconnu n’est pas une faiblesse et nous ne devons pas en avoir honte. Le problème est de n’exister que pour les autres. Attendre la validation des autres pour s’aimer soi-même, voilà le vrai problème. Se reconnaître uniquement à travers le regard des autres est le contraire de ce qu’il faut faire.

Le désir de reconnaissance a ses limites. En tant qu’êtres humains, nous devons garder à l’esprit la notion d’égalité. Nous sommes tous égaux et la conscience de soi d’autrui ne doit pas être plus importante que la nôtre. Bien sûr, nous pouvons apprécier les talents des autres, mais nous ne pouvons pas les laisser juger de nos propres capacités. Nous pouvons nous faire coacher par quelqu’un pour expérimenter, mais nous ne devons pas laisser cette expérience nous définir.

En fait, tout est question de perspective. Il est injuste d’aimer les autres plus que soi-même. Il est tout aussi injuste de laisser les autres nous définir. Bien sûr, le regard des autres peut nous en apprendre un peu plus sur nous-mêmes. Par exemple, ils peuvent remarquer vos défauts et vous le faire savoir. Mais cela ne leur donne pas les pleins pouvoirs pour décider de ce que vous pouvez faire et jusqu’où vous pouvez aller. C’est vous seul qui devez continuer à détenir les clés de votre connaissance de soi. Tout comme vous n’avez pas la légitimité de valider ou de juger les autres, ils n’ont pas non plus cette légitimité. C’est donc une perte de temps que d’attendre leur reconnaissance.

Deux façons d’atteindre la conscience de soi

La conscience de soi est cet état de compréhension et d’acceptation de soi dans lequel nous nous trouvons et qui nous aide à nous auto-valider sans l’aide de personne. En y accédant, vous sortez de votre dépendance maladive à l’égard des autres. Il vous permet également d’être plus conscient de vous-même, et donc de savoir ce qui devrait compter pour vous.

Hegel décrit deux façons d’atteindre la conscience de soi :

L’instropection :

L’expérience de la vie intérieure. L’instrospection consiste à s’écouter soi-même bien plus que le monde extérieur. Elle permet d’identifier ses valeurs et ses aspirations, mais aussi de revivre ses expériences passées. En d’autres termes, les échecs et les réussites, ainsi que les émotions liées à toutes ces expériences. Au fond, l’introspection consiste à s’écouter soi-même, à lire son moi intérieur comme un livre. Et lorsque vous le faites, vous devenez plus conscient de vous-même. Il suffit de fermer les yeux et d’écouter non seulement la voix qui chuchote à l’intérieur de soi, mais aussi les pensées et les émotions qui nous traversent.

Le travail  :

La conscience de soi peut également être atteinte par le travail. Pour Hegel, le travail n’est pas une activité purement fonctionnelle, mais une activité qui extériorise le moi dans le monde. De plus, une action qui participe à une modification du monde est une action qui participe à la conscience de soi. En d’autres termes, le travail n’est pas seulement un salaire. Il nous permet de mieux nous connaître, nos forces, nos faiblesses, nos limites, mais aussi d’éveiller notre conscience de soi en l’impliquant dans le système qui nous entoure. Un exemple en est le sentiment de bien-être que nous ressentons après avoir accompli une tâche. À ce moment-là, ce n’est pas seulement la récompense qui nous réjouit, mais le fait d’avoir réussi à accomplir la tâche. Parallèlement, de nombreuses émotions nous remplissent de bonheur.

Comment surmonter le besoin de reconnaissance

Si le désir de reconnaissance peut être sain, lorsqu’on en devient dépendant, il est important de savoir comment s’en débarrasser. Les conseils suivants visent à développer une meilleure estime de soi pour éviter de se tourner vers les autres.

Amour de soi et gratitude

Pour faire face au besoin obsessionnel de reconnaissance, vous pouvez pratiquer l’amour de soi et la gratitude. L’amour de soi renforce l’estime de soi, de sorte que vous n’avez pas l’impression d’avoir besoin des autres pour exceller. Il s’agit d’apprendre à s’aimer tel que l’on est (qualités et défauts) sans condition. Si vous avez déjà aimé quelqu’un de manière inconditionnelle, vous savez pertinemment que rien ni personne n’aurait pu dévier la direction de vos émotions. C’est le même principe lorsque vous décidez de vous aimer inconditionnellement. Personne ne peut vous persuader de ne pas vous aimer. Vous vous aimez, tout simplement. Et lorsque vous vous aimez, le jugement des autres a très peu de poids pour vous. Vous n’avez pas besoin qu’ils vous valident.

La gratitude consiste à être reconnaissant de ce que l’on a et de ce que l’on est. Elle est importante parce qu’elle vous montre qu’en réalité, vous avez besoin de très peu de choses pour être heureux. Lorsque vous pratiquez la gratitude au quotidien, vous vous rendez vite compte que vous avez déjà tout ce dont vous avez besoin et que vous avez de quoi être fier. Il suffit de regarder votre vie actuelle et tout ce que vous avez accompli par vous-même. C’est pourquoi vous devez vous remercier pour vos efforts et pour ce que vous êtes. Même si vous aspirez à être plus grand, reconnaissez les efforts que vous avez faits et n’ayez pas besoin que les autres les reconnaissent.

Besoin de reconnaissance : penser à moi-même

Dans le livre du même nom, vous pouvez apprendre quelque chose de très important qui peut aider à surmonter le besoin de reconnaissance : la nature éphémère des choses et le fait de s’occuper d’abord de soi.

Nous ne vivons que des expériences qui feront partie du passé. Nos succès et nos échecs s’évanouiront dans l’oubli, alors pourquoi se donner la peine de marquer des esprits éphémères ? Bien sûr, nous vivons tous dans notre temps, mais la dure réalité est que rien ne dure éternellement. Vous pouvez être célèbre et reconnu pour tant de choses, mais tôt ou tard, vous et votre existence serez oubliés.

La chose la plus sage à faire est de se concentrer sur l’amélioration de soi. Après tout, vous occupez ce corps et utilisez cet esprit toute votre vie sur terre. Vous n’utilisez pas le corps et l’esprit des autres. Vos succès et vos échecs sont les vôtres, votre santé et votre bien-être sont votre responsabilité. Il n’est donc pas nécessaire d’attendre la validation et la reconnaissance des autres. De plus, le fait de savoir que presque tout le monde cherche la reconnaissance et de ne pas en faire partie fera de vous une personne plus heureuse et plus saine.

Renforcez votre autodétermination

Pour surmonter votre besoin de reconnaissance, vous pouvez également renforcer votre autodétermination. L’autodétermination est littéralement la capacité de décider ce que l’on veut et de se faire entendre. En philosophie, il s’agit aussi d’être reconnu comme conscient de soi (un être humain, pas une chose).

Car très souvent, les personnes qui souffrent d’un besoin de reconnaissance sont celles qui ne sont pas écoutées, qui sont négligées et émotionnellement maltraitées. Elles ne reçoivent pas l’attention et le respect qu’elles méritent. C’est pourquoi elles doivent apprendre à s’affirmer davantage.

L’autodétermination consiste à s’affirmer, mais aussi à reconnaître que les autres n’ont pas le privilège de prendre des décisions à votre place. Par exemple, ils n’ont pas à décider de ce que vous voulez parce qu’ils ne sont pas supérieurs à vous (à moins qu’il ne s’agisse de vos parents ou de vos supérieurs). Vous avez le droit de penser par vous-même et de donner votre point de vue, de dire ce qui vous dérange, etc. Lorsque vous essayez de vous affirmer, vous avez plus de chances de dire ce qui vous dérange. Lorsque vous essayez de vous affirmer davantage, vous vous rendez compte que les autres n’ont rien de plus que vous. En réalité, ils ont aussi des faiblesses. L’autodétermination permet de s’en rendre compte et d’éviter de se sentir inférieur aux autres.

Le besoin de reconnaissance : Se fixer des objectifs personnels

Fixez-vous des objectifs personnels et essayez de les atteindre. Il peut s’agir de voyager seul, de courir un marathon ou de quelque chose de plus professionnel comme l’acquisition d’une nouvelle compétence. Ce faisant, vous vous éloignez de la dépendance et de l’attente d’une validation de la part d’autrui. Vous le faites juste pour vous, pour vous sentir bien.

Nous avons particulièrement besoin de reconnaissance lorsque nous partageons des objectifs communs avec d’autres, ou lorsque les autres savent ce que nous faisons. Apprenez à faire les choses en secret, autrement dit faire profil bas. Travaillez dans l’ombre, uniquement pour vous, et lorsque vous atteindrez vos objectifs, vous serez le seul à le savoir.