On célèbre souvent des journées « spéciales » comme le 25 décembre ou le 1er janvier. Parce que nous, en tant qu’êtres humains, avons décidé de célébrer ces jours. Pourtant, aucun jour n’est plus spécial qu’un autre, pour autant que nous décidions de le célébrer. Si vous décidez que le mercredi 13 sera un jour de malheur, il le sera, car votre cerveau s’y habituera. C’est probablement ainsi qu’est née la phobie du vendredi 13. Un jour qui a été nourri de contes et de légendes au point de devenir une « véritable malédiction ».

La fréquence annuelle du vendredi 13

Il existe plusieurs preuves mathématiques montrant que chaque année compte au minimum 1 vendredi 13 et au maximum 3 vendredis 13. Par exemple, l’année 2024 compte deux vendredis 13, le 13 septembre et le 13 décembre. L’année 2025, par contre, n’en a qu’un seul, le 13 juin.

Pour une année donnée, si l’on examine les sept mois consécutifs entre mai et novembre, on obtient à chaque fois les deux cas de figure suivants :
Si le mois M-1 compte 30 jours, la date 13 tombera deux jours plus tard dans le mois M que le 13e jour du mois M-1. Et si le mois M-1 compte 31 jours, le 13 du mois M tombera trois jours de semaine plus tard que le mois M-1.

En outre, Dean Huffman (Université du Texas, Austin) a découvert que toutes les longueurs possibles de jours sans vendredi 13 sont les intervalles suivants : 27 jours, 9, 181, 244, 272, 335 et 426 jours.

Cependant, toutes ces informations ont pour but de présenter à la fois la singularité de cette date, et de tenter de la démystifier. Bien sûr, il faut bien plus que des mathématiques pour vaincre la phobie du vendredi 13.

Y a-t-il plus de vendredis qui tombent le 13 ?

De plus, des recherches menées par Tony Lezard et Drew Lawson ont montré que le 13 du mois a légèrement plus de chances de tomber un vendredi que n’importe quel autre jour de la semaine. En fait, c’est l’adoption du calendrier grégorien en 1582 (par le pape Grégoire XIII, couronné Grégoire 13) qui est à l’origine de cette prédominance du vendredi 13.

Sur 4000 ans, de 1800 à 5799, il y a 23 vendredis 13 supplémentaires par rapport à la répartition moyenne de 6857,14.

AUTRE fait intéressant : si le 1er jour d’une année est un lundi, un jeudi ou un dimanche, cette année aura plus d’un vendredi 13, qu’il s’agisse d’une année bissextile ou d’une année normale. Le maximum annuel de 3 vendredis 13 est atteint si et seulement si le 1er jour de l’année en question est un jeudi (en année normale) ou un dimanche (en année bissextile).

Au vu de toutes ces informations, la phobie du vendredi 13 prend tout son sens si l’on considère que cette date est plus fréquente qu’on ne l’imagine. Paradoxalement, toutes ces recherches sur le vendredi 13 ont également contribué à alimenter le mystère et la peur qui entourent cette date. Pendant des années, les gens ont loué la fascination exercée par cette date, qui n’est probablement qu’un excellent résultat probabiliste.

Le vendredi 13 dans les croyances populaires

Les superstitions sont légion, en particulier dans la société occidentale. En raison de ces superstitions, certaines précautions sont prises le vendredi 13 pour éviter qu’un malheur ne se produise. Par exemple, les mariages sont évités, de même que d’autres événements importants et des opérations délicates comme les accouchements.

Dans les rues de nombreuses villes, vous ne trouverez pas de maison numérotée 13, car elles sont redessinées en 12A ou 12B. Porter un nom avec un total de 13 lettres est considéré comme un signe satanique. Ou comme la chance du diable, selon que la perception est positive ou négative.

De nombreux hôtels ne proposent pas de chambres comportant le chiffre 13. Les ascenseurs n’ont généralement pas de bouton 13, car le 13e étage est interdit. De nombreux immeubles à plusieurs étages n’ont pas de 13e étage (les numéros sautent de 12 à 14).

De plus, certaines personnes refusent d’aller travailler un vendredi 13. D’autres ne mangent pas au restaurant le vendredi 13. De nombreuses personnes ne voyagent pas le vendredi 13.

Cela fait beaucoup de précautions pour une seule date, n’est-ce pas ? C’est suffisant pour nourrir la phobie du vendredi 13 chez certaines personnes.

Paraskevidekatriaphobie, la peur du vendredi 13

Du grec Paraskevi et dekatria, signifiant respectivement le vendredi et le chiffre 13. La valeur numérique du terme anglais Paraskevidekatriaphobia est 666 en codage alphanumérique de base 3.

Même les pilotes de Formule 1 sont victimes de triskaïdékaphobie (peur du chiffre 13)) Le chiffre 13 n’est jamais porté en F1, sauf si le pilote le demande. Cette superstition remonte à un incident dramatique survenu en 1926. Cette année-là, deux pilotes ont été tués à deux semaines d’intervalle alors qu’ils portaient ce fameux numéro. Paul Torchy a été tué lors du Grand Prix d’Espagne ; Masetti est mort le 25 avril 1926 lors de la Targa Florio. Et comme Torchy quinze jours plus tôt, il portait le numéro 13.

Le vendredi 13 selon Stephen King

Des millions d’Américains ont la phobie du vendredi 13, la peur du 13, ou les deux. C’est le cas du célèbre écrivain d’horreur Stephen King. Sa peur est probablement justifiée par le fait que son nom porte la marque 13 dans deux systèmes numérologiques. En mode alphanumérique inversé et en numérologie IsoSum A26.

Stephen King = 169 = 13 x 13

De plus, King croit fermement que toute année comportant un triple vendredi 13 est vraiment néfaste. Pour étayer sa théorie, il donne quelques exemples historiques :

• 1942 – (vendredis 13 février-mars-novembre)
  Hitler commence ses principales attaques contre l’Union soviétique, la Pologne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Grèce et la Yougoslavie.
• 1953 – (vendredi 13 février-mars-novembre)
  Vendredi 13 février 1953 : Le juge Irving R. Kaufman se prépare à fixer la date d’exécution de Julius et Etel Rosenberg. Communistes américains, accusés d’espionnage au profit de la Russie. Le couple sera exécuté le 19 juin 1953.
• 1956 – (vendredis 13 janvier-avril-juillet)
  vendredi 13 juillet : un avion militaire s’écrase au décollage de la base aérienne de McGuire, dans le New Jersey, lors d’une pluie torrentielle. Quarante-cinq personnes sont tuées.
• 1959 – (vendredis 13 février-mars-novembre)Une terrible inondation dans l’Indiana jette 1 500 personnes hors de leurs maisons, suite au débordement de la rivière Wabash.

Stephen King cite d’autres années qui, selon lui, renforcent sa théorie, notamment les événements tragiques de 1804, 1807, 1818, 1874, 1888, 1903 et 1914.

Quelques effets de la phobie du vendredi 13

Effets routiers et médicaux

Une étude réalisée par Nayha Simo en 2002 a analysé les décès quotidiens, par sexe et par âge, dus aux accidents de la route en Finlande. L’étude a montré qu’entre 1971 et 1997, le vendredi 13 était un jour plus dangereux pour les femmes que pour les hommes. Ce phénomène est principalement dû à une anxiété superstitieuse. Cette étude a montré que 38% des décès liés à la circulation étaient imputables au vendredi 13. Mais aussi que le risque de décès était de 1,02 pour les hommes et de 1,63 pour les femmes en termes de ratio.

Cependant, une autre étude du sociologue Edgar Wunder montre que le vendredi 13 n’a rien de spécial et que les catastrophes peuvent survenir n’importe quel jour. En examinant les données sur les accidents graves compilées par l’Office national allemand des statistiques, son équipe de recherche a comparé les données des 26 vendredis 13 survenus entre 1985 et 1999 avec celles des vendredis tombant à d’autres dates du mois. Aucune différence n’a été constatée.

Effets socio-économiques

Environ 17 millions d’Américains souffrent de la phobie du vendredi 13. Cela représente un pourcentage important de la population totale et a donc des répercussions socio-économiques significatives. Les phobiques ont un comportement d’évitement, de préparation ou de prudence excessive. Aux États-Unis, leurs craintes du vendredi 13 entraînent des pertes économiques estimées entre 750 millions et 1 milliard de dollars. En conséquence, le vendredi 13, de nombreuses personnes manquent le travail. Les ventes de marchandises chutent, le nombre de passagers dans les transports diminue, de même que le nombre de clients dans le secteur des services et des loisirs.

Quelques mythes alternatifs contre le vendredi 13

Dans l’islam

Contrairement à la religion chrétienne, où le vendredi peut être considéré comme un jour triste en raison de la crucifixion de Jésus, dans la religion islamique, le vendredi est un jour joyeux. Le vendredi est le jour d’Allah (le Dieu des musulmans).

Vendredi 13 : un jour de chance pour les Juifs

Le vendredi 13 est considéré comme un jour de chance pour les Juifs. En effet, le sabbat commence le vendredi soir. La tradition juive veut que l’on achète des fleurs le vendredi en prévision de la célébration du sabbat. De plus, le 13 a une connotation particulièrement chanceuse pour le judaïsme. En voici quelques-unes, rapportées par Ophir Madmoni :

• Le calendrier lunaire hébraïque compte 13 mois.
• La Torah (Bible hébraïque) cite 13 attributs de Dieu.
• Maïmonide (le Rambam) formule exactement 13 principes clés du judaïsme.
• La Kabale juive (livre saint) énumère 13 esprits maléfiques.

Chez les Espagnols et les Latino-Américains

En Espagne et en Amérique latine, c’est le mardi 13 et non le vendredi 13 qui est le jour du malheur. Et ceci, en référence à la scène de la trahison de Juda, l’un des apôtres de Jésus-Christ.

Chinois et Japonais

Pour les Chinois, le 13 est un chiffre porte-bonheur, qui signifie littéralement « vivant ». Leur autre chiffre préféré est le 5, qui signifie « fortune ». En revanche, le 4, qui se prononce en chinois comme « mort » ou « mourant », est interdit. Et ce n’est pas tout. Selon une étude de l’équipe du professeur David Phillips, la mortalité cardiaque est significativement plus élevée le 4 de chaque mois. Soit 7 % de plus que le reste de la semaine. Voilà pour une autre superstition. Mais comme je l’ai dit, il ne s’agit que de résultats statistiques et probabilistes, réalisés sur des périodes données.

Avec les Italiens

Chez les Italiens, c’est le 17 qui porte malheur, et non le 13. Le 17 est l’anagramme de VIXI, le verbe latin qui signifie « j’ai vécu », et par extension « je suis mort ».

En résumé

Le vendredi 13 est probablement une peur dont la source d’énergie est la fascination que nous lui avons accordée au fil des ans. Les recherches qui lui sont consacrées, les données que l’on tente d’associer à cette journée, les histoires, les décisions parfois surprenantes d’enlever le 13 des bâtiments sont autant d’éléments qui contribuent à alimenter cette peur. Cette superstition est-elle fondée ? Faut-il avoir peur de cette journée ? Peut être que oui, peut être que non. Oui, il faut faire attention à soi, mais il ne faut pas oublier de vivre. D’autant plus que le vendredi 13 n’est pas le seul jour tragique de l’histoire. De plus, dans certaines cultures, le vendredi 13 est un jour ordinaire. Dans d’autres, c’est un jour de chance, de joie et de bonheur.